Les causes d’accidents en escalade
Mauvaise nouvelle, nous pratiquons une activité présentant un risque d’accident plus élevé que la belote…
Néanmoins, vous constaterez en lisant cet article que la plupart des accidents sont des erreurs humaines, donc facilement évitables si l’on est attentif !
Le nœud pas fini
Vous faites votre premier nœud de 8, passez la corde dans le pontet, commencez à repasser le brin de corde dans votre nœud…
Et là, vous êtes distrait par un grimpeur, votre assureur, bref, vous marquez une pause avant d’oublier totalement de finir votre nœud ; malheureusement la corde tient tant qu’elle n’a pas à supporter votre poids.
Il arrive aussi que l’on redescende du mur, commence à se dés-encorder, juste avant que l’assureur vous propose d’en « refaire une petite ».
Vous repartez donc dans votre voie avec le nœud à moitié défait.
Le mousqueton pas vissé
Lorsque vous assurez, que cela soit en tête ou en moulinette, le pontet et la corde bouge et glisse sur le mousqueton.
Si votre doigt d’ouverture n’est pas verrouillé, il risque de s’ouvrir sous la pression de la corde ou du pontet.
Ces deux accidents peuvent très facilement être évités : il suffit d’appliquer la double vérification avant chaque départ (le grimpeur vérifie l’assureur et vice versa)! Cette règle doit être une évidence pour chaque grimpeur.
La corde trop courte
Un accident beaucoup trop fréquent : vous grimpez une voie de 40 mètres avec une corde de 70 mètres.
Lorsque le grimpeur redescend, il manque 10 mètres (40m X 2 = 80m), et si l’assureur ne s’en rend pas compte à temps, elle lui file entre les mains.
Pour éviter ce type de désagrément faites un nœud à l’extrémité de la corde qui l’empêchera de sortir du système d’assurage.
La plupart des cordes sont vendues avec des sacs à cordes, il vous suffit de garder l’extrémité de la corde accrochée à l’anse de ce sac prévue à cet effet (souvent rouge) et cela ne vous arrivera jamais !
Faites toujours un nœud en bout de corde, même si vous croyez avoir assez de corde : une zone d’assurage en pente ou un assureur trop reculé peut allonger la distance de corde nécessaire.
La chute de pierre
Il arrive régulièrement de casser une prise, ou tout simplement de faire tomber une pierre bancale.
Si l’assureur ne porte pas de casque, il risque déjà un bon traumatisme crânien, mais en plus il ne sera plus apte à assurer le grimpeur.
Donc même si vous n’avez pas la classe avec un casque, cela peut vous sauver la vie.
Portez toujours un casque.
L’assurage au frein
Combien de grimpeurs lâchent la corde de vie à tout bout de champs… J’entends souvent des grimpeurs me répondre « j’ai toujours assuré comme ça, j’ai jamais eu de problèmes ! ».
C’est juste que le grimpeur n’est jamais tombé au mauvais moment !
Si vous avez déjà assuré une vrai chute, vous devez savoir que si vous ne tenez pas la corde au moment où le grimpeur chute, vous n’aurez jamais le temps de la récupérer !
Donc ne considérez pas qu’ « il ne va pas tomber là », ou que « vous gérez », faites les mouvements d’assurage normaux et là vous gérerez, car on peut tomber à tout moment à cause d’une prise qui casse, tourne, ou dix milles autres raisons.
Respectez toujours les mouvements d’assurage, quel que soit votre niveau.
L’assurage à l’autobloquant
Deux accidents fréquents :
La corde installée à l’envers dans le système d’assurage ; elle ne sera même pas freinée en cas de chute.
L’assureur qui, au moment de la chute, garde la main crispée sur l’autobloquant, l’empêchant de bloquer la corde. Le temps que vous repreniez vos esprit, le grimpeur est au sol.
Gardez toujours une main sur la corde du bas, tirez un coup sur la corde du grimpeur avant qu’il ne parte pour s’assurer que le système bloque bien, et respectez les notices d’utilisation (visibles pour la plupart sur cet article : « Choisir son materiel d’escalade : le système d’assurage »).
Le retour au sol (grimpe en tête)
Certains assureurs n’ont apparemment aucune conscience du risque de retour au sol : Si vous laissez beaucoup de mou (corde molle déployée entre le grimpeur et l’assureur) alors que votre grimpeur n’a pas encore clippé la troisième dégaine, il a de fortes chances de se retrouver par terre en cas de chute. Si il y a tellement de mou que la corde frôle le sol, il serait peut être judicieux de la retendre un peu, quel que soit le niveau du grimpeur sur la paroi…
Si le grimpeur saute les dégaines (ne clippe pas toutes les dégaines), pas la peine de pourrir l’assureur s’il fait un retour au sol, ça sera de sa faute…
Laissez juste le mou nécessaire au grimpeur pour qu’il ne soit pas tiré vers le bas lors de ses mouvements, ne le quittez pas des yeux lorsqu’il grimpe pour réagir au bon moment lorsqu’il a besoin de mou ou s’il tombe, et lorsque vous grimpez clippez toutes les dégaines.
Les chutes « séchées »
Lorsque l’on n’est pas habitué à assurer une chute en tête, on a tendance à bloquer la corde, bien campé sur ses pieds, pour s’assurer d’arrêter la chute. La corde se tend brutalement, et si le grimpeur était éloigné du mur pendant le vol, il va revenir violemment vers le mur. Il faut donc bien sûr tenir fermement la corde, mais vous devez « dynamiser », c’est à dire vous laisser emporter légèrement par la corde lorsque celle-ci commence à se tendre. Attention aussi de ne pas faire redescendre le grimpeur trop bas, attendez donc que la corde entre légèrement en tension pour vous laisser emporter ! Avec un peu d’entrainement, c’est très facile donc entraînez-vous dès que vous commencez l’assurage en tête ! Vous trouverez des exercices sur cet article : La peur de la chute
Lorsque le grimpeur chute, laissez vous emporter par la tension de la corde. N’assurez pas trop loin du mur pour ne pas tomber à ce moment là. Faites des tests en assurant des petites chutes (nœud juste au-dessus de la dégaine) pour vous entraîner.
Les blessures aux mains lors d’une chute

Lorsque vous arrivez au niveau d’un point d’assurage et ne vous sentez pas d’y placer la dégaine car vous êtes à deux doigts de tomber, vous êtes souvent tenté de glisser un doigt dans ce point, prise plus franche que l’arête glissante juste à côté…
Si vous zippez à ce moment là, le choc subit au niveau du doigt peut vous le faire sauter…
Donc interdiction de se rattraper à l’anneau !
Cas de figure similaire, si vous sautez sur le mousqueton de la dégaine pour vous rattraper ou pour clipper in extremis et que votre main passe dans le doigt d’ouverture, vous pouvez vous faire un « petit bobo »…
Donc soyez précis lors du clippage et quitte à prendre quelque chose pour vous rattraper visez plutôt la sangle, même si ce n’est pas l’idéal (si votre main glisse elle finit sur le mousqueton).
Pour finir avec la boucherie :
Certains prennent la corde entre les dents pour tirer du mou…
Pensez à ouvrir la bouche si vous tombez…
Certains enroulent la corde autour du pouce pour tirer du mou…
Trouvez une autre méthode ou ne chutez jamais à ce moment là…
Entraînez vous à clipper dans des voies faciles pour être rapide et efficace lorsque vous serez un peu limite sur un cippage difficile.
La dégaine clippée à l’envers
Lorsque vous clippez la corde dans la dégaine, la corde reliée au grimpeur doit ressortir vers le grimpeur.


Dans le cas inverse, si la corde reliée au grimpeur ressort vers le mur, elle risque de passer sur le doigt d’ouverture du mousqueton en cas de chute et déclipper la dégaine.
La marche d’approche…
Hé oui, une part non négligeable des accidents se passe lors de la marche d’approche vers la falaise (vers la salle on appelle ça un accident de la route…), donc faites attention à vos chevilles ou à vous protéger lors des accès dangereux !
Prenez des chaussures adaptées et protégez vous lors des passages exposés.
Le matériel
En escalade sportive (avec des fixations dites « inarrachables » aux relais et points d’assurages), il est rare qu’il soit mis en cause.
Néanmoins, certaines précautions sont à prendre :
Vérifiez après chaque sortie l’état de votre corde, elle peut avoir été très abîmée lors d’un frottement sur une arête tranchante sans que vous vous en soyez rendu compte.
Respectez la durée de vie donnée au matériel textile et conservez le hors de l’humidité, l’usure des textiles et coutures n’est pas toujours visible.
N’utilisez pas du matériel dont vous ne connaissez pas l’historique.
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